Bayer-Monsanto: le mariage contre nature !
Mercredi 14 septembre 2016 – C’est fait! Rumeur depuis le début de l’année, la compagnie pharmaceutique allemande Bayer vient de racheter le géant des semences OGM et des pesticides Monsanto pour le record de 86,9 milliards de $ CA. Cette nouvelle fusion dans le monde de l’agrochimie crée le nouveau numéro un mondial des semences et des pesticides.
Le secteur de l’agrochimie était en 2014, l’un des plus concentré du monde avec uniquement 6 compagnies ( Monsanto, Syngenta, Dow, DuPont, Bayer et BASF) qui dominaient outrageusement le domaine des semences (60 % du marché mondial dont 100 % des semences OGM) et des pesticides ( 76 % des ventes de pesticides) [1]. Depuis, deux gigantesques fusions ont eu lieu: Dow avec DuPont et Syngenta avec Chem China. Bien que les agences de régulation anti- concurrence n’aient pas encore entériné ces ententes, elles sont tout de même en bon chemin.
Au final, ont pourrait avoir 3 compagnies qui posséderaient 65 % de la vente globale de pesticides et environ 61 % de la vente de semences commerciales au monde. [2]
Vous avez dit concentration ?
Faites vous entendre !
Vous pouvez contacter le bureau de la concurrence du Canada, qui a pour rôle d’enquêter entre autres sur les types de pratiques anticoncurrentielles comme les fusions. En effet, cette nouvelle fusion va entre autres :
· Limiter le choix des agriculteurs et donc leur autonomie
· Augmenter le prix des semences et des pesticides
· Augmenter la puissance de lobby auprès de nos gouvernements
· Contribuer à la promotion de l’utilisation de grande quantité de pesticides en agriculture
· Limiter la recherche publique en agriculture au profit des marchés privés
Pour plus de détails sur les impacts du contrôle corporatif sur notre agriculture : Rapport enquête OGM
Le Centre des renseignements du bureau de la concurrence canadienne est le principal point d’entrée des demandes provenant des membres du public, vous pouvez donc écrire et/ou leur téléphoner afin que le bureau examine cette fusion sous l’angle des impacts nuisibles auprès des citoyens et des agriculteurs.
En ligne: Formulaires électroniques
Téléphone : 819-997-4282 ou sans frais 1-800-348-5358
Voici la demande faite par CBAN et Vigilance OGM au bureau de la concurrence du Canada afin qu’il analyse la fusion de Bayer et Monsanto.
Canada’s Competition Bureau: Bayer-Monsanto merger
Mais qui sont ces deux géants qui fusionnent ?
MONSANTO :
Plus besoin de présentation de cette compagnie de 115 ans… Monsanto pâtit d’un passé inquiétant et mensonger. Il a été l’un des fabricants de l’«agent orange», un défoliant utilisé pendant la guerre du Vietnam qui a tué et continue de lourdement handicaper des milliers de Vietnamiens. La compagnie a affirmé durant des décennies qu’il était sans danger tout en sachant que c’était faux. La firme a également produit les PCB (polychlorobiphényles ou pyralènes), utilisés notamment dans les transformateurs. Ils ont fini par être interdits aux États-Unis en 1979 et en France en 1987, tant leur toxicité est forte, mais se retrouvent encore dans notre environnement et nos corps. Aujourd’hui, son herbicide Roundup, souvent vendu en association avec ses OGM «Roundup Ready», se retrouve au cœur d’une vive polémique. Soupçonné d’être cancérogène, l’ingrédient principal de ce produit, le glyphosate, divise l’Union européenne : elle vient de reporter sa décision sur le renouvellement de l’autorisation de cette substance. [3]
Les pesticides à base de glyphosate sont les plus vendus au Québec et au monde et leurs ventes au Québec ont augmenté de 71 % de 2006 à 2012 [4]. Cette augmentation est un des principaux facteurs de la hausse globale des ventes de pesticides au Québec. En 2010, on comptait plus de 750 produits à base de glyphosate sur le marché mondial [5]. Au Québec, ils sont employés avec pratiquement toutes les cultures GM, notamment le soya et le maïs. Ils se retrouvent donc partout dans nos écosystèmes, et notamment dans 88% des échantillons prélevés dans nos cours d’eau dans le cadre du rapport du MDDELCC [6].
BAYER :
La réputation de Bayer, connu surtout pour son aspirine, n’est pas aussi sulfureuse que celle de sa proie. Pourtant, le géant allemand (46,3 milliards d’euros de ventes, dont 22 % dans les pesticides et semences) n’a rien d’une blanche colombe. Avec d’autres piliers de la chimie allemande comme BASF, il est l’héritier du conglomérat IG Farben, fournisseur du zyklon B utilisé dans les camps de la mort nazis. Il a aussi été mis en cause dans plusieurs affaires (médicament anticholestérol soupçonné d’avoir causé de nombreux décès, vente de produits sanguins contaminés par le VIH…). Aujourd’hui, ses pesticides néonicotinoïdes, vendus sous les marques Gaucho ou Proteus, alarment apiculteurs et chercheurs, car ils tuent les abeilles mais aussi moult autres bestioles, et leurs impacts sur notre santé inquiète [3].
[1] ETC Group (2013), ‘Gene Giants Seek Philanthrogopoly
[2] ETC Group (2016), Merge-Santo: New Threat to Food Sovereignty
[3] Bayer-Monsanto, alchimie monstrueuse, Par Coralie Schaub — 23 mai 2016-Libération
[4] (2012). Bilan de vente des pesticides au Québec, Ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte aux Changements climatiques du Québec (MDDELCC)
[5] Krüger M, Schledorn P, Schrödl W, Hoppe HW, Lutz W, et al. (2014) Detection of Glyphosate Residues in Animals and Humans. J Environ Anal Toxicol 4:210. doi: 10.4172/2161-0525.1000210
[6] GIROUX, I. (2015). Présence de pesticides dans l’eau au Québec : Portrait et tendances dans les zones de maïs et de soya – 2011 à 2014, Québec, ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, Direction du suivi de l’état de l’environnement, ISBN . 978-2-550-73603-5, 47 p. + 5 ann.