Les cultures GM coûtent cher aux agriculteurs
Le 23 novembre, 2015 (Ottawa) – Le rendement des cultures et le revenu agricole net n’ont pas beaucoup augmenté au Canada après vingt ans d’utilisation de semences génétiquement modifiées (GM), révèle le Réseau canadien d’action sur les biotechnologies (RCAB) en partenariat avec Vigilance OGM.
«La quasi-totalité des cultures GM dans le monde est modifiée pour tolérer les herbicides ou résister aux insectes, pas spécifiquement pour augmenter les rendements. Il n’est donc pas surprenant de constater une augmentation similaire des rendements dans le cas de cultures pour lesquelles il existe des variétés GM et non GM. » insiste Thibault Rehn, coordinateur de Vigilance OGM.
Ces résultats du RCAB font partie d’un nouveau rapport qui paraît cette semaine, un des six rapports qui examine les impacts et les risques liés aux cultures et aliments GM dans le cadre du projet Enquête OGM 2015, qui souligne les 20 ans des OGM au Canada.
Les agriculteurs canadiens cultivent du maïs, du canola, du soja et de la betterave à sucre génétiquement modifiés pour tolérer les herbicides ou résister aux insectes. « Les cultures GM ne mettent pas plus d’argent dans la poche des agriculteurs canadiens, explique M Rehn. Les semences GM brevetées coûtent plus cher que les semences non GM et cela gruge les revenus agricoles, sans compter l’augmentation de l’utilisation des pesticides. »
Une poignée de semencières et de grandes sociétés agrochimiques domine les marchés des semences GM. Cinq d’entre elles contrôlent 63 % du marché mondial des semences commerciales. Cette mainmise sur le marché des semences s’est traduite par une hausse des prix et une réduction du choix pour les agriculteurs. Les contrôles juridiques, notamment les brevets sur les séquences génétiques, empêchent les agriculteurs de réutiliser les semences GM, de les conserver ou de les vendre – ce qui les force à les acheter chaque année aux grandes semencières.
« Le principal avantage allégué des cultures GM était de simplifier la gestion des mauvaises herbes. Cet avantage est en train de s’inverser en raison de la propagation de mauvaises herbes résistantes aux herbicides, ce qui engendre de nouveaux coûts et de nouvelles complications pour les agriculteurs », ajoute M Rehn. «À ce rythme, on devrait découvrir officiellement les premières mauvaises herbes résistantes au glyphosate au Québec.»
La contamination par les cultures GM a également coûté très cher à certains agriculteurs canadiens. La contamination par le lin GM en 2009 a entraîné la fermeture temporaire des marchés d’exportation du Canada et coûté près de 30 millions $ à l’industrie du lin. En raison de la contamination par le canola GM, la plupart des producteurs de céréales biologiques du Canada ne peuvent plus cultiver de canola. Pour exemple, au Québec, il ne reste plus qu’en seul producteur de canola biologique.
« Il faut consulter les agriculteurs du Canada avant d’approuver des cultures GM et le gouvernement canadien doit évaluer les impacts économiques des cultures GM, de même que les risques et les avantages qui en découlent », conclut Taarini Chopra du RCAB.