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Réévaluation du glyphosate: sans danger selon Santé Canada

Montréal, 28 avril 2017 – Santé Canada vient d’annoncer aujourd’hui sa décision de réévaluation du glyphosate. Selon Santé Canada, « les produits contenant du glyphosate, s’ils sont utilisés conformément au mode d’emploi qui figure sur l’étiquette, ne posent aucun danger pour la santé humaine et l’environnement ». Le glyphosate est l’ingrédient actif entrant dans la composition du populaire Roundup. Les herbicides à base de glyphosate sont les  plus vendus au Québec et au monde.

Dans sa réévaluation l’Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire (ARLA) conclu aussi que le réexamen du glyphosate donne lieu aux constats suivants :

  • Le glyphosate n’est pas génotoxique et il est peu probable qu’il présente un risque de cancer pour les humains.
  • L’exposition par le régime alimentaire (eau potable et aliments) associée à l’utilisation du glyphosate ne devrait pas présenter de risque pour la santé humaine.

Or, le glyphosate est classé comme « probablement cancérogène pour l’humain » par le Centre international de recherches sur le cancer (CIRC, l’agence spécialisée pour la recherche sur le cancer de l’Organisation mondiale de la santé).

 

« Monsanto papers »

Monsanto connaissait depuis 1999 le potentiel mutagène du glyphosate. En mars dernier, la justice fédérale américaine a déclassifié plus de 250 pages de correspondance interne de Monsanto dans le cadre d’une action intentée contre la compagnie. Ces échanges démontrent qu’elle a tout fait pour garder caché les données sur ce potentiel mutagène.

Cela est d’autant plus inquiétant que le glyphosate se retrouve abondamment dans notre environnement et notre alimentation. La semaine dernière, l’Agence d’inspection des aliments publiait un rapport indiquant avoir trouvé des résidus de glyphosate dans 30 % des 3188 différents produits testés, dont  31% dans les  aliments pour enfants.

Cette réévaluation du glyphosate est donc particulièrement inquiétante puisque son utilisation augmente à un taux alarmant au Québec. Rappelons que les cultures génétiquement modifiées (GM) sont principalement développées pour tolérer une utilisation massive du glyphosate. Selon le gouvernement du Québec « en raison de l’accroissement de [l’utilisation du glyphosate] dans les cultures de maïs et de soya génétiquement modifiés, ce produit a connu une augmentation phénoménale au cours des dernières années. » De 2006 à 2012, l’utilisation des herbicides à base de glyphosate a ainsi augmenté de 71 % au Québec (1).

 

Alternatives

De plus, cette réévaluation se fait dans le contexte où les pratiques de l’agro-industrie sont sévèrement critiquées par un rapport déposé le mois dernier au Conseil des droits de l’Homme des Nations Unies, qui dénonce le recours des pesticides à grande échelle dans toutes les régions du monde, au nom de la productivité industrielle. « Les multinationales auraient aussi recours à des stratégies de marketing « non éthiques et agressives », en plus de mener d’intenses campagnes de lobbying auprès des gouvernements dans le but de « bloquer » les réformes et les restrictions sur l’utilisation des pesticides. »

Selon ce rapport, il est possible de réduire grandement l’utilisation des produits chimiques toxiques, sans affecter les rendements de production alimentaire sur le long terme et en diminuant les impacts environnementaux.

En effet, plutôt que de poursuivre dans la promotion des pratiques agro-industrielles, il faudrait plutôt adopter des pratiques agricoles durables, une approche globale pour une meilleure répartition des ressources, assurer le respect du droit à l’alimentation de toutes les populations ainsi qu’un meilleur cadre réglementaire de l’utilisation des pesticides.

 

(1) MDDELCC. (2016a). Bilan des ventes de pesticides 2014. Milieu agricole. Québec : Gouvernement du Québec.

 

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