Au Québec et ailleurs dans le monde, la recherche scientifique est de plus en plus associée à des intérêts privés. À l’heure actuelle, il existe donc très peu d’études indépendantes et à long terme sur les risques sanitaires liés aux OGM et à leur contamination. Mais si l’innocuité des OGM pour la santé n’a pas été démontrée à ce jour, les risques potentiels sont, quant à eux, bien connus.
L’IMPACT DES OGM SUR LA SANTÉ EST DOUBLE : OGM ET PESTICIDES
Certaines recherches montrent des liens entre la consommation indirecte (par la consommation d’animaux ayant mangé des OGM) ou directe d’OGM et des risques pour la santé. Aussi, l’utilisation de pesticides comme le glyphosate, qui est employé avec pratiquement toutes les cultures GM et qui se retrouve donc dans nos aliments et dans nos cours d’eau au Québec [1], pose de graves risques sanitaires. Particulièrement, le caractère de perturbateur endocrinien du glyphosate pose problème à des concentrations très faibles.
À lire trois sections complètes plus bas
À voir absolument : Les grands reportages de radio canada sur la santé des OGM :
[1] GIROUX, I., et L. PELLETIER, 2012. Présence de pesticides dans l’eau au Québec : bilan dans quatre cours d’eau de zones en culture de maïs et de soya en 2008, 2009 et 2010, Québec, ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs, Direction du suivi de l’état de l’environnement, ISBN 978-2-550-64159-9 (PDF), 46 p. et 3 annexes.
Il n'y a pas de consensus scientifique
En réponse aux affirmations « faites par les développeurs de semences GM de même que certains scientifiques, commentateurs et journalistes voulant qu’il existe un “consensus scientifique” au sujet de l’innocuité des OGM et que le débat sur ce sujet soit “clos” », un groupe formé de 93 scientifiques, universitaires et chercheurs a rédigé en 2013 une déclaration proclamant plutôt l’« absence de consensus scientifique ».
Endossée par plus de 300 chercheurs en date de janvier 2015, cette déclaration, qui a ensuite été publiée dans un journal scientifique avec comité de révision (Hilbeck et coll., 2015), faisait la conclusion suivante :
«les résultats des recherches scientifiques dans le domaine de la sécurité des cultures GM sont nuancés, complexes, souvent contradictoires ou non concluants, confondus par les choix, les hypothèses et les sources de financement des chercheurs et, en général, ont soulevé plus de questions qu’ils n’ont apporté de réponses.»
«Les décisions sur l’avenir de notre alimentation et de notre agriculture ne doivent pas être fondées sur l’allégation trompeuse et non-représentative qu’un « consensus scientifique » existe sur la sécurité des OGM.»
IL Y A PEU D’ÉTUDES À LONG TERME
On a mené très peu de tests à long terme. Santé Canada a approuvé des aliments GM au Canada sans réaliser de test sur leur sécurité à long terme.
IL Y A DES RISQUES POTENTIELS POUR LA SANTÉ
Toxicité
Plusieurs études ont révélé des signes de toxicité (sur les reins et le foie par exemple, ce qui peut dénoter l’apparition de maladies chroniques) et certaines démontrent des effets toxiques (comme des lésions des organes). De plus, les herbicides utilisés en association avec les cultures GM comportent des risques avérés pour la santé humaine.
Allergies
Il est difficile d’établir si les aliments GM peuvent déclencher une réaction allergique. Il n’existe pas de méthode ou de test fiables. Il n’y a pas moyen fiable de découvrir si un aliment GM est allergène avant qu’il ne soit mis sur le marché.
Gènes marqueurs résistant aux antibiotiques
L’approbation d’aliments GM dotés de gènes marqueurs résistant aux antibiotiques dans le monde n’est pas encouragée, en raison du faible risque de transfert aux bactéries intestinales de la résistance aux antibiotiques d’un aliment GM. Et pourtant, la plupart des aliments GM sur le marché ont été conçus de cette façon, y compris la pomme GM sans brunissement approuvée en 2015 (pas encore sur le marché).
Niveau d’exposition dans l’alimentation
Les appareils réglementaires du gouvernement canadien ne connaissent pas la quantité d’aliments GM dans notre alimentation ni le type d’aliments GM consommés sur une base régulière. Personne ne fait le suivi de la consommation humaine d’aliments GM – ni le gouvernement ni l’industrie.
LES CONNAISSANCES SCIENTIFIQUES SONT INSUFFISANTES
La littérature scientifique soumise à un examen par les pairs quant à l’innocuité des aliments GM porte surtout sur des études à court terme. On nous présente souvent des listes impressionnantes d’études pour démontrer qu’ils sont sans danger, mais ces listes sont parfois trompeuses. Les études existantes ne portent pas toutes sur les mêmes éléments, ne couvrent pas toutes la même durée et utilisent des tests différents sur les animaux – certaines ne sont même pas de véritables études sur l’innocuité.
Même après vingt ans, la documentation scientifique sur l’innocuité des aliments GM reste contradictoire et chancelante, laissant plus de questions que de réponses.
IL Y A PEU DE RECHERCHE SCIENTIFIQUE INDÉPENDANTE
Il y a peu d’études indépendantes sur l’innocuité des aliments GM et encore moins d’études à long terme. Les études existantes indiquent que certaines modifications génétiques pourraient avoir des effets toxiques, provoquer des réactions allergiques ou modifier les propriétés nutritionnelles – tout en soulignant le besoin manifeste de poursuivre les recherches.
À l’échelle mondiale, il se fait très peu de recherche scientifique indépendante, en partie parce que cela fait l’affaire des gouvernements de se fier aux recherches de l’industrie pour évaluer l’innocuité des nouveaux aliments GM. La recherche indépendante se bute à plusieurs obstacles, dont le manque de financement et l’accès difficile à des semences GM pour les tests. L’importance extrême des enjeux liés à la commercialisation de nouveaux produits GM ajoute à l’hostilité du milieu envers la critique, qu’elle vienne du public ou même de la communauté scientifique.
Il ne fait aucun doute que les pressions commerciales pour l’introduction de produits GM sur le marché influent sur la façon de mener la recherche scientifique et sur le nombre d’études réalisées.
Étude du CRII-GEN
Plusieurs études récentes tendent à prouver qu’il existe des problématiques liées aux OGM et la santé. De 2009-2012, une étude réalisée en France par le CRII-GEN (Comité de recherche et d’information indépendante sur le génie génétique) a montré que des rats nourris pendant 90 jours avec du maïs Monsanto (Mon863) présentaient des anomalies au foie, aux reins et au sang qui pourraient être des signes de toxicité. Compte tenu des risques, tous les pays devraient appliquer le principe de précaution, réévaluer la dangerosité de ces produits et refuser que des OGM soient cultivés en champs et arrivent dans nos assiettes s’ils ne sont pas sécuritaires hors de tous doutes.
Pour plus d’info lire le rapport complet de notre enquête OGM 20 ans intitulé:
Les OGM sont -ils bénéfiques pour les consommateurs
Les OGM sont-ils bénéfiques pour les consommateurs ?
Malgré les promesses faites aux consommateurs à leur lancement, vingt ans plus tard, les aliments GM sur le marché ne sont pas moins chers, plus savoureux, plus frais, plus nutritifs ou plus écologiques. De fait, l’utilisation des cultures GM a augmenté plutôt que réduit l’utilisation d’herbicides de synthèse, avec des conséquences que l’on n’évalue pas sur l’environnement et sur la santé.
AUCUN ALIMENT GM SUR LE MARCHÉ N’EST DOTÉ D’AVANTAGES POUR LE CONSOMMATEUR
Malgré toutes les promesses sur leurs avantages pour le consommateur, vingt ans plus tard, les aliments GM sur le marché ne sont pas moins chers, plus savoureux, plus frais, plus nutritifs ou plus écologiques. De fait, l’utilisation des cultures GM a augmenté plutôt que réduit l’utilisation d’herbicides de synthèse.
LES CONSOMMATEURS VEULENT L’ÉTIQUETAGE OBLIGATOIRE
Il n’y a pas d’étiquetage obligatoire des aliments GM au Canada (ni aux É.-U.), même si une écrasante majorité de Canadiens est en faveur de l’étiquetage. Un sondage Ipsos Reid commandé en 2015 par le RCAB confirme que 88 % des Canadiens veulent l’étiquetage obligatoire.
Plutôt que d’étiqueter, le gouvernement et l’industrie ont dépensé des millions pour convaincre les consommateurs que les aliments GM sont sans danger. Le gouvernement fédéral a dépensé 13 millions $ en communications sur les biotechnologies entre 1997 et 2003.
Pour plus d’info lire le rapport complet de notre enquête OGM 20 ans intitulé:
Les OGM sont -ils bénéfiques pour les consommateurs
Santé et pesticides
Santé et pesticides
Les OGM sont principalement des plantes conçues pour résister à l’utilisation massive de certains pesticides. Il n’est donc pas surprenant que l’introduction des OGM en agriculture ait entraîné une augmentation de l’emploi de ces substances, d’autant plus que les compagnies de biotechnologies sont aussi celles qui commercialisent les pesticides.
Si les études épidémiologiques d’impact des OGM sur la santé humaine demeurent pour le moment inexistantes, les données scientifiques attestant des effets toxiques et dangereux des pesticides sur l’homme, elles, ne manquent pas. Petit tour d’horizon…
Cancer :
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS) le cancer est devenu la première cause de décès au monde, devant les maladies cardiovasculaires. Ce même organisme estime que l’incidence de cette maladie a doublé en 30 ans et que le nombre de nouveaux cas doublera encore d’ici 20 ans. Selon la Société canadienne du cancer 2 Canadiens sur 5 souffriront de cette maladie au cours de leur vie. L’amélioration des techniques de dépistage ainsi que les facteurs génétiques ne permettent pas à eux seuls d’expliquer l’augmentation de l’incidence de cette maladie et de plus en plus de scientifiques pointent du doigt les polluants environnementaux, au rang desquels figurent bien-sûr les pesticides.
En 2015, le glyphosate (herbicide le plus vendu dans le monde), principalement utilisé dans les cultures GM vient d’être classé comme potentiellement cancérigène par le CIRC (centre international de recherche sur le cancer). Il est donc urgent de réévaluer son utilisation dans le monde et au Québec.
Cognition et maladies neurodégénératives :
Si les pesticides sont capables d’altérer le développement cérébral et d’entrainer des troubles du comportement ou de l’apprentissage chez les enfants, ils sont également capables d’induire des déficits cognitifs chez les personnes adultes. Une épidémiologiste française a montré, dans le cadre d’une étude menée dans le sud de la France en région agricole, que les viticulteurs employant des pesticides développent des troubles cognitifs tels que des troubles de la mémoire, de l’attention ou des déficits de fluidité verbale (31).
Développement et cognition :
De nombreux pesticides sont des neurotoxiques ou possèdent des propriétés de perturbateurs endocriniens. Cela signifie que ces substances sont capables de bouleverser l’équilibre hormonal fragile nécessaire au développement du système nerveux in utéro et durant les toutes premières années de vie. Le constat est en soi assez simple, les différentes étapes du développement de notre cerveau sont orchestrées par les hormones et si l’action de ces hormones est perturbée le développement cérébral, ainsi que le développement de notre organisme de façon plus générale, peuvent se trouver perturbés à leur tour. De nombreuses études ont ainsi montré que l’exposition prénatale ou pendant l’enfance à certains pesticides est associée à l’émergence de troubles du développement et de l’apprentissage au cours de la vie.
Troubles de la reproduction chez l’homme
En 1992 l’équipe danoise du Pr.Skakkebaek rapportait pour la première fois, à travers l’analyse de 61 études scientifiques portant sur 15000 hommes de différentes nationalités, une diminution de 50 % de la quantité du sperme en 50 ans (1). Cette étude a déclenché une vive polémique et soulevé de nombreuses critiques mais ces résultats ont depuis été repris et confirmés par de nombreuses équipes à travers le monde (2, 3).
Autre fait inquiétant, le déclin mondial de la qualité et de la quantité du sperme s’accompagne d’une augmentation importante du nombre de cancers du testicule dans tous les pays industrialisés, où l’incidence de ces cancers est 6 fois plus importante que dans les pays en développement, ainsi que d’une augmentation du nombre de malformations congénitales masculines à la naissance (hypospadia :ouverture de l’urètre dans la partie inférieure du pénis, et cryptorchidie : absence de descente des testicules) (4, 5).
Système immunitaire :
Le système immunitaire est l’agent de défense de l’organisme qui lui permet de lutter contre l’action de corps étrangers tels que les virus, bactéries ou parasites. Il est constitué d’un ensemble d’organes et de cellules qui coordonnent leurs actions afin d’éviter l’apparition de maladies. Il a été montré que les pesticides sont capables d’exercer un effet immunosuppresseur sur les êtres humains. Cela signifie que les pesticides sont capables de diminuer nos défenses immunitaires ce qui nous rend plus sensibles aux risques d’infection et à l’action de pathogènes.
Troubles métaboliques :
Nous l’avons déjà mentionné à plusieurs reprises, un grand nombre de pesticides agissent comme des perturbateurs endocriniens. Ce mode d’action pourrait expliquer leur implication dans la genèse de nombreuses pathologies chroniques devenues trop courantes dans les sociétés industrielles : cancers, troubles du développement, déficits d’attention… Se pourrait-il que les pesticides aient également leur part de responsabilité dans l’épidémie mondiale de l’obésité à laquelle nous devons aujourd’hui faire face?